Le constat

Le Groupe Intergouvernemental pour l’Évaluation du Climat (GIEC) représente les scientifiques spécialistes du climat. Le GIEC annonce que climat est en train de se dérégler, du fait de l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Cet excès de GES provient essentiellement de la production de dioxyde de carbone (CO2) lors de la combustion des hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon), que l’homme utilise depuis la révolution industrielle comme principale source d’énergie. L’augmentation de la concentration de GES dans l’atmosphère entraîne une augmentation de la température à la surface de la Terre, qui dérègle les cycles climatiques naturels. Le problème climatique actuel tient en quelques chiffres, simples mais inquiétants :

1. Les scientifiques du GIEC affirment d’abord que la température moyenne de la terre ne peut pas augmenter indéfiniment, sous peine d’entraîner des cataclysmes climatiques qui rendraient la planète tout à fait inhabitable pour les humains. La limite d’augmentation de la température moyenne de la planète en 2050 a été fixée assez arbitrairement lors du sommet de Copenhague à +2°C3.

2. Cette augmentation de température globale correspond à l’émission d’environ 565 milliards de tonnes (gigatonnes) de dioxyde de carbone. Ce « quota carbone », est la quantité maximale de dioxyde de carbone qui peut être relâchée dans l’atmosphère sans entraîner une catastrophe climatique.

3. La température moyenne à la surface de la terre a déjà augmenté de 0.8°C depuis l’ère pré-industrielle. De plus, si nous stoppions toutes nos émissions de gaz à effet de serre demain, les gaz déjà dans l’atmosphère entraîneraient une augmentation supplémentaire de +0.8°C. Quoi qu’il arrive, nous connaîtrons donc une augmentation de température globale de +1.6°C. Cela signifie que nous avons déjà épuisé les ¾ de notre quota carbone.

4. Enfin, les réserves d’hydrocarbures (pétrole, gaz et charbon) déclarées par les industriels s’élèvent à 2 795 gigatonnes. Ces réserves représentent 5 fois le quota carbone total, ou 20 fois le quart de quota que nous pourrions encore émettre sans déclencher une catastrophe climatique. L’industrie des hydrocarbures a donc le pouvoir de plonger le monde dans le chaos climatique.

5. L’extraction et la vente des réserves d’hydrocarbures restantes généreraient 27 milliards de milliards de dollars de profits pour les multinationales et pays producteurs d’hydrocarbures. La valeur des réserves d’hydrocarbures restant dans le sol représente ainsi environ 400 000 fois la richesse générée en 1 an sur terre (Produit Intérieur Brut mondial). Les scientifiques du GIEC prédisent que pour limiter la hausse de la température moyenne terrestre en deçà des +2°C fatidiques, il faudrait une réduction des émissions de GES des pays industrialisés de 80 % à 90 % en 2050. Les vendeurs d’hydrocarbures seront d’autant moins tentés de renoncer à leur manne financière que les hydrocarbures vont devenir de plus rares et donc de plus en plus chers. L’Agence Internationale de l’Énergie a ainsi reconnu que le « pic historique » de la production mondiale de pétrole conventionnel (80 % de tout le brut) a été franchi en 2006, et que cette production n’augmentera plus « jamais ». De plus, les pétroles et gaz « non-conventionnels » (gaz et pétrole de schiste ou profonds) ne sont pas assez abondants et trop coûteux pour se substituer au pétrole conventionnel et enrayer la hausse des prix des hydrocarbures. Nous avons donc atteint le pic du pétrole abondant et bon marché et basculons dans l’ère du début de la fin du pétrole.

Si les effets du dérèglement climatique se font surtout sentir actuellement dans les pays du Sud, les effets de la raréfaction et du renchérissement des hydrocarbures vont se faire sentir majoritairement dans les pays du Nord, qui sont, comme le faisait remarquer en 2006 George W. Bush, très largement « accro au pétrole ». Enfin, les crises climatiques et énergétiques sont concomitantes d’autres crises « globales » résultant elles aussi de la mondialisation économique : une grave crise économique débutée en 2008 et une crise sociale liée au partage des richesses de plus en plus inégal et à la mise en concurrence des travailleurs à l’échelle planétaire qui génère chômage et dumping social.